Nature ou avec quelques crevettes et un peu de vinaigrette, en salade, entouré de crudités ou en purée type ‘guacamole’ pour y tremper de délicieuses chips Tex Mex épicées, voici un fruit considéré comme un légume qui nous régale, qui nous nourri, mais connaît-on seulement sa feuille?...
Eh oui, on la connaît! On la connaît d’ailleurs très bien puisqu’à tous, un jour, entre le CP et le CE1, on nous a appris la germination du noyau de l’avocat...
Ça commençait par le nettoyer puis le faire sécher avant de lui planter 3 ou 4 allumettes pour le faire tenir les fesses dans l’eau sur un verre dépareillé ou autre pot de yaourt en verre. C’était un genre de jeu de construction qui nous était proposé au même titre que le collier de nouilles ou le dessous de plat en pinces à linge verni.
Sauf que c’était bien plus magique que les lentilles dans le coton que de voir ce gros noyau se fendre en deux pour laisser apparaître une belle racine et, pratiquement simultanément, cette jeune pousse qui allait rapidement devenir feuilles & tiges...
(ci-dessous: détail d'une jeune pousse d'Avocat)
Persea americana, le nom Latin de l’Avocat, est à l’origine un arbre qui nous vient du Mexique et, plus largement, d’Amérique Centrale. Depuis son introduction dans notre alimentation (et l’histoire du noyau), il a gentiment colonisé les endroits où il trouvait un climat qui lui convenait, à commencer par nos appartements. Mais c’est bien un arbre et celui-ci a besoin d’espace pour s’exprimer, aussi devient-il rapidement un grand bonsaï en appartement car il faut le tailler régulièrement pour ne pas qu’il ressemble au Caoutchouc de nos grands-mères: vous savez, celui qui avait pour habitude de pousser à l’horizontale une fois le plafond atteint!...
Persea americana est un arbre robuste, mais pas trop. En fait, une fois bien installé, il sait résister à presque tout: notamment à l’excès ou au manque d’eau, à un soleil de plomb, à la pollution, mais c’est quand vient le gel qu’il trouve ses limites.
En effet, si le froid s’installe et que les températures descendent trop longtemps en dessous de -5/-7°c, il risque d’y laisser quelques plumes (voir plus!) Ces températures minimales sont des moyennes constatées et ne sont valables que pour notre Mexicain (les cultivars que l’on trouve généralement sur le marché - les Avocatiers Antillais ou Guatémaltèques - sont bien moins résistants au froid: au mieux -4 à -5°c pour le premier et à peine -1°c pour le deuxième…)
Aussi sera-t-il bon de savoir d’où vient le noyau d’avocat que vous avez fait germer afin de lui offrir les meilleures conditions de culture qu’il soit. Dans tous les cas et pour la plupart des régions Françaises il faudra accepter que votre avocatier grandira définitivement en pot et sera remisé l’hiver en serre chaude ou froide, selon la variété.
Pour les plus chanceux et j’en connais quelques-uns (notamment ceux qui habitent le pourtour Méditerranéen), vous pourrez l’installer en pleine terre, quitte à protéger un peu son pied en hiver. La photo que je vous propose en fin d'article est celle d’un Persea americana planté par ma grand-mère dans son petit jardin près de Toulon, il y a une vingtaine d’années déjà.
Dans ces conditions ‘Varoises’ il ne gèle pas et arrive même à fleurir. Compte tenu de ses proportions à l’âge adulte (plus de 10 mètres de hauteur), il est très régulièrement taillé et rejette systématiquement du tronc et de ses branches. On l’apprécie pour son feuillage généreux & l’ombre qu’il offre à son pied. Mais une autre variété, Persea americana ‘Fuerte’ arrive, sous ces mêmes conditions de culture, à fructifier généreusement et à offrir à leurs propriétaires de délicieux avocats, identifiables à leur peau lisse…
(ci-dessous: détail de l'écorce de Persea americana)
Côté sol, notre Persea se contente de peu même si une terre bien travaillée et correctement amendée sera un plus pour faciliter son installation. Il réagit plutôt bien aux arrosages mais sait aussi s’en passer si les pluies venaient à manquer.
A mi-ombre, ses feuilles sont un peu plus grandes mais d’un vert tout aussi profond. L’écorce de son tronc et de ses branches les plus fortes est régulière d'abord et se crevasse légèrement avec le temps, d’une couleur brun-gris et d’un design plutôt agréable: doux à l’œil & au toucher.
En pleine terre, vous pourrez installer à son pied de nombreux végétaux ‘exotiques’ ou Méditerranéens de mi-ombre et de sol plutôt frais. Pour ma part, j’ai planté un généreux bouquet de Chamaedorea radicalis.
Outre l’expérience de sa germination qui est sympa à réaliser avec les enfants, je vous invite vous, les ‘grands’, à faire pousser notre Persea americana d’Avocat. Pour ma part, il fait partie depuis longtemps déjà du décor de cette petite maison de vacances de mon enfance et je ne le remplacerais par aucun autre végétal: il a trouvé sa place, nous comble de son feuillage abondant et les palmiers qui s’appuient sur son tronc semblent se développer en parfaite harmonie.
Photo ci-dessous: feuilles de Persea americana à contre-jour dans ce petit jardin près de Toulon, dans le Var…
(Cela fait des années que je pensais à mettre 'du son' pour accompagner mes articles (en attendant d'y mettre peut-être un jour de l'image), ce sera maintenant chose faite - pour ceux qui le veulent - avec ce premier lien: le collectif 'Roseaux' (Aloé Blacc & musiciens Jazz), qui reprend le célèbre standard de Police: 'Walking on the Moon'...